BRIGNAC
Brignac emprunte le chemin d’une marqueterie primitive en utilisant «n’importe quoi de préférence» (comme il dit). Il mêle différents matériaux tels que le bois, le métal, le zinc et des fragments d’objets manufacturés issus de rebut et souvent non-identifiés.
Ces tableaux naissent du contraste des matières, de la confrontation des objets et d’une recherche
d’assemblage. Art singulier, esthétique du coup d’œil, collage, montage, peinture, bas-relief… autant d’étiquettes que l’on pourrait facilement apposer aux tableaux de l’artiste sans pour autant parvenir à refléter leur douce originalité.
L’harmonie qui se dégage de ses tableaux repose sans doute sur l’équilibre des compositions et suscite un sentiment de sérénité à qui se laisse aller sans trop
intellectualiser.
L’audace de Brignac et le choix de sa technique semblent toujours accuser cette force de caractère qui ne veut être comme aucune autre. Une vitalité qui provient du for intérieur, d’une tendre poésie, d’un instinct de survie, d’une personnalité qui fait souvent le choix du périlleux et du difficile pour exprimer ses idées et ses sentiments.
VÉRONIQUE FOIRET
Ayant vécu de longues années en terres africaines, autodidacte, j’ai commencé à peindre en m’inspirant des codes picturaux africains (couleurs, textures et thèmes). L’observation du quotidien dans les pays sub-sahariens m’a cependant, très rapidement sensibilisée à la réutilisation de divers matériaux pour lesquels j’entrevoyais une seconde vie sous la forme de sculptures.
Observant comment l’art de la récupération y était maîtrisé depuis fort longtemps, bien avant la prise de conscience occidentale sur le recyclage, j’ai porté mon intérêt sur le carton d’emballage qui, destiné à terme à la destruction, constituera ma matière première dans l’élaboration de mes créations.
Transfigurer, sublimer cette matière en jouant sur sa souplesse, sa transparence et son apparente fragilité, donne vie au carton en lui conférant une nouvelle dimension, faisant oublier ce pourquoi il était destiné. Ainsi, la pulpe et la dentelle de carton prennent des formes plurielles de masques tribaux revisités ou de bustes diaphanes, légers et translucides.
J’aime le regard interrogateur du visiteur qui, parfois, se demande devant quelle matière il se trouve, hésitant entre bois, cuir, fer, liège ou encore cuivre.
J’aime étonner, surprendre, interpeler, susciter une réaction qui sera l’occasion d’échanges, et m’enrichir des autres regards.